Le miel, vegan ou pas vegan ? Dans mon article vous présentant les matières non vegan, je savais d’avance que certaines allaient faire réagir. À vrai dire, c’était mon but. Comme la laine par exemple. Maintenant, parlons cosmétique. Sur cette même base, en évoquant les ingrédients non vegan, je savais pertinemment que certains engendreraient des réactions. Et ce fut le cas, pour le miel ! (oui, c’était mon but aussi).
De tous les produits animaux que les personnes vegan ne consomment pas, le miel est celui qui semble le plus désorientant. Que ce soit alimentaire ou dans les cosmétiques. Alors, pourquoi les végétaliens ne consomment-ils pas de miel ? Je vous réponds.
« On ne tue pas les abeilles pour le miel ? »
Le miel n’est pas vegan, un problème éthique et d’exploitation animale
D’un point de vue éthique, les abeilles ont un cerveau et un système nerveux. Il a été démontré qu’elles font preuve d’émotions et même de pessimisme, ce qui est un signe important d’intelligence.
En revanche, dans l’industrie du miel, il existe plusieurs pratiques contraires à l’éthique qui sont menées sur les abeilles. C’est le cas de l’insémination instrumentale. Connue sous le nom d’insémination artificielle (coucou l’industrie du lait, et beaucoup d’autres aussi d’ailleurs). Généralement entre 8 et 12 faux-bourdons sont écrasés à mort et leur sperme extrait d’eux. La reine des abeilles est ensuite immobilisée et le sperme est injecté à l’intérieur d’elle. Pour information : un faux-bourdon est le mâle de l’abeille. À ne pas confondre avec le bourdon.
La reine des abeilles aura souvent une ou les deux ailes coupées. Pas toujours. Mais il s’agit malgré tout d’une pratique courante. Pourquoi ? Pour deux raisons :
- Facilement identifier la reine des abeilles,
- Empêcher l’essaimage. Cela arrive quand une colonie d’abeilles se divise en deux ou plusieurs colonies distinctes. Cela est mauvais pour les affaires. La production de miel sera réduite pour cette ruche.
Vous pouvez même acheter en ligne des reines avec les ailes coupées. Vous les recevez par la post et pouvez les afficher chez vous.
Oui, les abeilles sont souvent tuées pour le miel
Le miel n’est pas vegan. Pourquoi ? Lorsque les ruches ont été récoltées pour le miel, elles sont souvent abattues pour l’hiver. Il est tout simplement moins cher de tuer toute la ruche que de s’assurer qu’elles ont de la nourriture pendant les mois d’hiver. Les apiculteurs élimineront également les ruches qui ne présentent pas le « bon » tempérament. Attention, cela n’est peut-être pas toujours le cas. En revanche, nous parlons ici de pratiques relativement standards et normalisées.
Les apiculteurs peuvent éliminer les colonies d’abeilles de plusieurs façons :
– Fermer la ruche puis y verser de l’essence,
– Noyer les colonies avec de l’eau savonneuse,
– Gazer à mort avec du dioxyde de carbone,
– ou enfin, en piégeant les abeilles dans de grands sacs-poubelles. Ils sont ensuite laissés au soleil. Les colonies meurent étouffées ou meurent en raison des températures de plus en plus élevées dans le sac.
Cependant, ils arrivent que les apiculteurs n’abattent pas toute la ruche. En revanche, un certain nombre d’abeilles est dépeuplé ou la reine est tuée.
Le miel, fait par les abeilles, pour les abeilles
On entend souvent dire : « le miel, c’est du vol ». Pourquoi ? Simplement parce que le miel est la nourriture des abeilles. C’est un peu comme « le lait c’est du vol ». Une vache ne produit pas du lait parce que c’est une vache, mais parce que c’est une maman. Comme tout mammifère, elle produit du lait pour son veau uniquement. Dans ce cas, on lui vole non seulement son enfant, mais volons aussi la nourriture de cet enfant.
Le miel est produit par les abeilles, pour les abeilles. Elles avalent du nectar, en le régurgitant puis en répétant ce processus plusieurs fois. Il faut environ 12 abeilles ouvrières toute une vie pour créer une seule cuillère à café de miel. Cependant, parce que nous prenons leur miel, si les abeilles ne sont pas abattues, elles recevront un sirop de sucre qui est dépourvu de bon nombre des aspects essentiels du miel dont les abeilles ont besoin pour être en bonne santé. Vous comprenez mieux pourquoi le miel n’est pas vegan ?
Ajoutez à cela le fait que les abeilles mellifères sont élevées de manière sélective. Cela signifie que le pool génétique de la population est réduit. Et qu’elles courent par conséquent un risque significativement plus élevé de maladies et de mortalité à grande échelle. De plus, les ruches d’abeilles mellifères sont régulièrement commercialisées localement et internationalement. Ce qui permet la propagation rapide de maladies et de parasites. Tels que le virus de l’aile déformée et l’acarien Varroa.
Ces agents pathogènes peuvent affecter les populations de bourdons sauvages. Comment ? En se propageant entre les espèces d’abeilles sauvages lorsqu’elles visitent la même fleur. Et ça, ce n’est pas cool du tout pour la biodiversité dans son ensemble. Se préoccuper du sort des abeilles, c’est bien. En pratique, si nous commencions par arrêter de les exploiter et les utiliser ? Cela se fait au détriment de leur santé, de leur vie et de l’environnement.
Mais on a besoin de manger du miel parce que les populations d’abeilles sont en déclin ?
Ce n’est un secret pour personne. Les populations d’abeilles sont en déclin à travers le monde. Cependant, au cours des 50 dernières années, la population d’abeilles mellifères (abeille à miel) a augmenté de 45%. Légitimement, nous pouvons nous demander : l’industrie du miel aide-t-elle réellement ?
Protéger les autres espèces d’abeilles
La France abrite plus de 900 espèces d’abeilles. Les abeilles mellifères, qui ne sont qu’une de ces espèces, peuvent nuire activement aux populations d’abeilles sauvages. Pourquoi ? Elles rivalisent pour le nectar et le pollen. En quoi est-ce important ? Les abeilles sauvages peuvent être vaincues. Des initiatives telles que l’apiculture urbaine mettent plus de pression sur les abeilles sauvages. Et aggravent leur déclin. Il est important pour les écosystèmes naturels qu’il existe une variété de pollinisateurs. Différents pollinisateurs pollinisent différentes plantes.
Les abeilles mellifères sont très efficaces pour collecter le pollen et le renvoyer dans leurs ruches. Mais en conséquence, elles transfèrent peu aux fleurs qu’elles visitent. Elles sont sensiblement moins efficaces pour la pollinisation que les abeilles sauvages. Lorsque les abeilles domestiques sont présentes en grand nombre, elles peuvent repousser les abeilles sauvages hors d’une zone. Cela complique la reproduction des plantes sauvages. Et c’est un gros problème ! Pourquoi ? Car le manque de fleurs sauvages est l’un des principaux facteurs du déclin des populations d’abeilles.
« La crise du déclin mondial des pollinisateurs a été associée à une espèce avant tout : l’abeille domestique occidentale. Les abeilles domestiques sont des animaux agricoles élevés artificiellement. Similaires au bétail comme les porcs et les vaches. Mais ce bétail peut errer au-delà de tout enclos pour perturber les écosystèmes locaux par la compétition et la maladie.»
Le miel : un enjeu éthique et environnemental
Finalement, la production de miel a de sérieuses préoccupations. Des préoccupations aussi bien éthiques, qu’environnementales. Cette exploitation contribue au problème que beaucoup d’entre nous pensent aider en achetant du miel en premier lieu. Si nous voulons vraiment protéger les abeilles sauvages, nous devons nous concentrer sur la création de prairies fleuries sauvages. Ainsi qu’une utilisation plus efficace de nos espaces extérieurs afin de maximiser le potentiel pollinisateur d’un monde naturel.
La meilleure façon d’y parvenir est d’adopter un mode de vie vegan. De réaffecter les terres actuellement utilisées pour l’agriculture animale. Une étude complète a été menée à ce sujet. En mesurant l’impact de l’agriculture sur l’environnement. Il a été conclu que nous pourrions libérer 75 % des terres agricoles actuelles en passant à une alimentation végétale.
Voilà beaucoup de terres pour les abeilles sauvages et les pollinisateurs.