
Dire enfin stop au cuir. Une des grandes idées reçues est que le véganisme est extrême. Arrêter de manger de la viande, ok pourquoi pas, je peux comprendre. Mais arrêter de porter de la laine, ou dire stop au cuir, pourquoi ?
Quand il s’agit de certains ingrédients d’origine animale, il est parfois difficile de savoir si le produit est vegan ou non. En revanche, le cuir peut généralement être repéré rapidement. Le piège ? Comme il est omniprésent, il peut facilement être négligé. Vous trouverez du cuir dans les vêtements et les accessoires personnels. Les chaussures, les ceintures, les gants et les sacs à main par exemple. Il peut aussi apparaître de manière inattendue. Comme dans le cas de boucles en cuir sur un sac messager en toile. Ou parfois, une étiquette en cuir sur une paire de jeans en denim. Le cuir est également fréquemment utilisé pour le rembourrage. Vous le trouverez donc probablement dans les meubles et les sièges d’auto.
Nombreuses sont les personnes contre la fourrure, mais qui portent du cuir. Rassurez-vous, c’était mon cas pendant 20 ans. « Jamais je ne porterai de fourrure, c’est trop horrible ! » dixit moi-même en portant des chaussures en cuir. Ou même, être contre le port de fourrure, mais manger de la viande. Ne trouvez-vous pas ça contradictoire ?
Pourquoi une personne vegan ne porte pas de cuir ? Après tout, n’est-ce pas simplement les “restes” de l’abattoir. On utilise toutes les parties du corps de l’animal. C’est bien pour éviter le gaspillage, non ?
Pourquoi dire stop au cuir ?
En 2014, une nouvelle enquête est révélée. En Chine, la peau de chien et de chat était exportée en disant qu’il s’agissait de peau de vache. Cela a provoqué l’indignation du public. Même l’intérêt du Congrès américain ! En réalité, plus de deux millions de chiens et de chats tués chaque année en Chine pour leur peau. Une partie est exploitée pour le cuir. Mais attendez une minute.
En quoi le port de la peau de chien et de chat est-il différent du port de la peau de tout autre animal ?
Du cuir de chats ou de chiens
La fourrure est devenue très controversée. Pourquoi ? Grâce à la prise de conscience désormais généralisée de la cruauté liée à sa production. Quand il s’agit de fourrure, l’éthique est dorénavant peu évoqué. Paradoxalement, l’utilisation du cuir (qui est aussi la peau d’un animal) continue d’être négligée. Parfois même par ceux qui n’envisageraient jamais d’acheter ou de porter de la fourrure.
Comme pour les produits laitiers, le cuir et la viande sont des industries qui se soutiennent mutuellement. En termes économiques, la peau d’une vache représente environ 10 % de sa « valeur » totale. Vous savez ce que cela signifie ? La peau est la partie la plus rentable du corps de la vache. Trois kilos de cuir, par exemple, valent bien plus que trois kilos de chair. Le cuir contribue à la rentabilité de l’industrie de la viande et ainsi, de l’élevage.
Pas de cuir sans mort
Chaque année, 1,4 milliard d’animaux, sont tués pour leur cuir. On compte des vaches, des buffles d’eau, des moutons. Ou encore des chèvres, des kangourous ou des porcs. Évidemment, chacun de ces animaux est un être vivant à part entière. Ils sont tous aussi sensibles et souffrent de la manière que nos chiens et chats. Pourtant, peu s’en soucis.
Une veste en cuir de chat ? Quel monstre !
Des chaussures en cuir de vache ? C’est de la qualité.
Le cuir est souvent fabriqué à partir de la peau de bovins qui ont été utilisés pour leur lait et leur chair. Les exploitations d’agriculture animale se référant au cuir comme co-produit. Qu’est-ce que cela signifie ? En achetant du cuir, nous soutenons les industries qui inséminent les animaux, séparent les bébés de leurs mères, effectuent des mutilations telles que la castration, la caudectomie, le marquage auriculaire et le marquage, puis forcent les animaux à monter dans des camions pour les emmener à un abattoir où ils seront égorgés.
Dire stop au cuir : fun fact pas si fun
L’Inde est le deuxième exportateur de cuir de vaches.
Pourquoi fun fact ? En Inde, les vaches sont dites sacrées.
Pourquoi pas si fun ? La réalité est que le bétail est transporté de zones où il est illégal de les abattre vers des zones où il est légal. De nombreuses vaches sont frappées lors de ces « marches de la mort ». On leur fait parcourir des centaines de kilomètres. Souvent, les animaux s’écroulent de faim, d’épuisement. Les vaches sont forcées à se relever en brisant leur queue à chaque articulation ou en leur mettant du tabac, du piment ou du sel dans les yeux. D’autres sont déplacés illégalement en dehors des frontières en étant entassés dans des camions. Il arrive que leurs os se brisent. Quand les camions passent par des routes caillouteuses, certaines vaches tombent les unes sur les autres et s’empalent sur les cornes d’autres vaches ou sont étouffées. Beaucoup meurent avant d’atteindre l’abattoir. Une fois à l’abattoir, le calvaire ne fait que commencer pour les survivantes.
Peut-on toujours parler de cuir éthique et durable ?
Le cuir exotique
Le « cuir exotique » provient d’animaux dits exotiques. Tels que les alligators, les tatous, les serpents et les autruches, entre autres. Ce sont des animaux qui sont aussi sensibles et souffrent. Pourtant, ils sont mutilés, exploités puis matraqués. Ils sont abattus ou se font sectionner la moelle épinière à l’aide d’un maillet et d’un ciseau, juste pour que nous puissions prendre leur peau.
De plus, sachez que les entreprises n’ont pas à indiquer d’où vient le cuir brut. Si les produits sont manufacturés en France, en Italie ou aux États-Unis, le cuir utilisé dans ces produits peut être originaire d’un autre pays. Quelle que soit la gamme du produit. Luxe ou premiers prix. En réalité, la majeure partie du cuir provient d’Inde, du Bangladesh ou de Chine. Ce sont des pays où la législation sur le bien-être animal est quasi inexistante. PETA a investigué sur ce sujet. Vous pouvez retrouver l’enquête complète sur ce lien.
Même si nous achetons un produit en cuir qui dit « made in Italy », cela ne veut rien dire en ce qui concerne l’origine de la peau d’animal. Ceci dit, il est important de noter que quelle que soit l’origine de la peau de l’animal, un animal s’est fait tuer et sa vie lui a été enlevée inutilement. Il n’y a pas de cuir sans mort.
Peu importe l’origine du cuir, il n’y a pas de cuir sans mort.
Le cuir, un allié durable et meilleur pour l’environnement ?
Exploitation animale, mais aussi de travail
Le cuir est souvent associé à une matière éthique et durable. À l’instar de la fourrure, le cuir est chargé de produits chimiques pour éviter qu’il ne se décompose dans nos armoires. Sels minéraux, formaldéhyde, dérivés de goudron, colorants à base de cyanure et autres substances dangereuses sont quotidiennement utilisés lors du processus de tannage. Ce ne sont pas moins de 250 produits chimiques qui sont utilisés pour traiter les peaux. Les conditions dans les tanneries, où les humains travaillent pour produire et teindre le cuir, sont souvent très difficile. En particulier dans les pays à faible revenu comme le Bangladesh et l’Inde. Les enfants peuvent être trouvés pieds nus dans des produits chimiques de tannage toxiques comme l’arsenic et le chrome. Des études ont montré à quel point tous ces produits chimiques entraînent un risque accru de développer un cancer et des maladies de la peau.
Et même dans les pays les plus riches, des études ont montré des taux de cancer plus élevés chez les travailleurs des tanneries dans des endroits comme l’Italie, les États-Unis et la Suède. On note des taux de cancer étant jusqu’à 50 % plus élevés.
Le cuir véritable, plus durable ?
En plus de cela, des millions de gallons d’eau non traitée chargée de parties d’animaux, de colorants et de produits chimiques sont souvent pompés dans des canaux ouverts, polluant les cours d’eau déjà pollués dont dépendent les gens. On estime que pour chaque tonne de cuir produite, 20 à 80 m3 d’eau contaminée sont rejetés. Les taux de chrome avoisinent 100 à 400 mg par litre et ceux de sulfure d’hydrogène, 200 à 800 mg. Dans une telle situation, les tanneries engendrent non seulement une importante pollution atmosphérique, mais aussi une pollution sur toute la population locale et les écosystèmes. Les produits chimiques sont rejetés dans les cours d’eau où les personnes se baignent, lavent leur linge et se servent pour arroser leur cultures. C’est toute la chaîne alimentaire et les nappes phréatiques qui subissent l’industrie du cuir.
Il est communément admis que porter du cuir est durable et éthique. « Nous tuons souvent déjà les animaux [pour leur viande]. Nous pourrions donc aussi utiliser leur peau ». C’est ce que j’ai beaucoup entendu. Cependant, certains bovins sont tués exclusivement pour leur peau. De plus, en raison des produits chimiques cancérigènes et du traitement requis pour transformer la chair en cuir, il serait toujours plus durable de simplement laisser la peau se biodégrader, ce qui réduirait également la pollution de l’eau.
L’enquête Pulse of the Fashion Industry, qui a été menée en 2017 a analysé l’impact environnemental pour produire des vêtements depuis le début du processus jusqu’au transport. Cette enquête a révélé que le cuir est la matière la moins durable. Le cuir synthétique ayant la moitié de l’impact environnemental du cuir de peau d’animal. Cela n’inclut pas non plus des matériaux plus pionniers tels que le cuir de pomme, le cuir de cactus et le cuir d’ananas qui seraient encore plus durables.
Des alternatives éthiques et durables au cuir
Magnifique photo via @sfisherx
Et si vous étiez coincé sur une île déserte ? Ou plutôt, et si vous étiez dans un pays avec de nombreuses alternatives sans cruauté ? Même si quelqu’un était forcé de tuer un animal dans une situation de vie ou de mort, cela ne permettrait aucunement de moralement justifier le fait de le faire dans la vie de tous les jours.
La réalité est que nous ne sommes pas coincés sur une île déserte. Nous n’avons donc aucun besoin de tuer un animal «par nécessité», pour avoir chaud ou je ne sais quoi (car bien entendu, nous n’avons pas besoin de le faire du tout, peu importe la situation). Par contre, nous vivons bel et bien dans une société où nous sommes entourés par une abondance de produits vegan. Donc cette excuse ne prouve rien d’un point de vue moral. Retrouvez 15 alternatives au cuir animal !
En créant un environnement ou une situation dans lesquels chaque choix ou possibilité est déplaisant, les non-vegan essaient de trouver du réconfort dans leur choix d’achats qui est la cause de souffrances inutiles et injustifiables envers un autre être vivant. En fait, dans le fond, puisqu’aucun d’entre nous n’est coincé sur une île déserte, l’excuse est superflue. Et il n’y a, d’un point de vue moral, aucune corrélation entre tuer un animal par nécessité en situation de vie ou de mort, et tuer un animal pour ne satisfaire qu’un plaisir égoïste.
Et vous, faites-vous attention à l’achat de cuir ? Considériez-vous le cuir comme éthique et durable ?